DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION
Dans notre langue française, le mot « Passion » a deux sens opposés.
Il exprime d’une part l’attitude de celui qui a un penchant irrésistible pour quelque chose ou quelqu’un et qui en fait l’absolu de sa vie : quelqu’un qui a la passion du sport par exemple … et qui ne vit que pour çà…
Et d’autre part ce mot est synonyme de souffrance extrême : c’est la passion de Jésus…Mais peut-être que pour Jésus ces deux sens, loin de s’exclure sont la conséquence l’un de l’autre : c’est parce qu’en lui la passion de l’humanité – la folie de l’amour- que Jésus va traverser jusqu’au bout sa passion/souffrance. C’est parce qu’il aime à la folie les hommes, ses frères, qu’il veut les rejoindre sur leur chemin de souffrances.
Cette passion de Jésus, nous ouvre à la compréhension de ce qu’est Dieu lui-même : Dieu en quelque sorte devient le frère en désarroi de tous ceux qui sont enfermés dans leur maladie et leur désespoir, dans leur oppression, leur mort et leur famine. Dieu porte avec eux leurs faiblesses (= la compassion : souffrir avec) et s’il porte avec nous nos faiblesses, c’est que nous ne pourrons jamais être écrasés par la souffrance et la mort, à cause de cette compassion de Dieu pour nous.
Précisément la compassion, ce n’est pas seulement être avec quelqu’un, partager avec lui ses souffrances ; Cela ne changerait rien ! La compassion c’est prendre celui qui souffre par le bras, le relever, le soutenir et avancer avec lui ; c’est entreprendre avec lui le relèvement, la longue lutte quotidienne pour sortir avec lui, émerger avec lui, s’arracher avec lui aux puissances du mal qui brise l’être… La compassion c’est m’abaisser avec mon frère pour qu’il puisse se relever…
Le signe de la compassion de Dieu : un corps dressé, deux bras déployés, écartés pour supporter avec nous tous les fardeaux et tenir debout jusqu’à l’autre rive, dans la lumière.
Père Richard.